".... Mais le Qatar ne se singularise plus seulement par l'activisme de sa diplomatie conciliatrice ou par cette richesse quasi insolente. Il est aussi le seul État de la région à avoir été épargné, jusqu'à maintenant, par la vague de contestation qui secoue le reste du monde arabe. Le 16 mars, un début de manifestation annoncée sur Facebook n'a pas rassemblé la moindre âme rebelle dans les rues de Doha. «Ici la manne est bien répartie entre seulement 200 000 Qatariens qui n'ont pas vraiment de raisons de se plaindre», observe un diplomate occidental. «Pourtant, le Qatar sera tôt ou tard visé par la vague de réformes que nous constatons chez nos voisins au Yémen ou à Bahreïn», prévient l'universitaire Mohammed al-Misser. Mais dans ce pays ouvert sur le désert, la quête de changement est très particulière: elle est exprimée par quelques tribus écartées du partage de la rente ou instrumentalisées par le frère ennemi saoudien, qui réclament davantage de conservatisme et une pause dans la course effrénée au modernisme. ....... «Pourquoi dépenser 55 milliards de dollars pour des installations qui seront démontées au bout d'un mois?», renchérit un autre officiel. De nombreux Qatariens s'interrogent également sur la frénésie d'investissements à l'étranger. «Pourquoi la Fondation du Qatar doit-elle dépenser 100 millions d'euros pour faire sa publicité sur les maillots du FC Barcelone?», se demande Mohsen Marzouk, à la tête d'un centre de recherches.
Créée par la très dynamique épouse de l'émir, cheikha Moza, la Fondation du Qatar est la cible de critiques des franges conservatrices de la société, .... Abreuvés d'informations sur les révoltes arabes par al-Jezira, ses habitants, en revanche, n'ont rien à se mettre sous la dent quand ils regardent la chaîne qatarienne, muette sur l'actualité locale. ..... un dimanche matin, des officiers de l'armée auraient tenté de se diriger vers le Palais de l'émir. «Ce n'était pas une tentative de coup d'État, mais il y a eu un petit quelque chose», nous confirme un homme d'affaires qui a ses entrées au Palais. «Il faut qu'ils se méfient, ajoute-t-il. Quand on a trop d'argent, cela suscite des appétits.» Et de rappeler que l'actuel émir a démis son père en 1996, un an avant que ce dernier ne cherche, en vain, à reconquérir le trône."
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